Le Front national est en pleine restructuration. Dans les remous actuels qui agitent le Parti de Marine le Pen, un nom ressort, celui de Nicolas Bay. Ce trentenaire est devenu le chef de file des eurodéputés Front national à la place de Marine le Pen. Pour beaucoup, cette nomination le place à un poste décisif en vue des élections européennes de 2019 et du coup, cela l’impose comme le nouvel homme fort du Parti d’extrême droite.
Cette promotion, est le fruit d’une belle ascension dans un Parti que le jeune a pourtant quitté il y a près de 20 ans. Erreur de jeunesse pour certains, il y a prescription pour les autres. Il est vrai, que l’engagement de Nicolas Bay dans la mouvance d’extrême droite est précoce. Elle commence à 15 ans, pour cet ancien membre des scouts unitaires de France, qui s’engage au front, pour suivre l’exemple de ses parents. Cependant en 1998, il suit Bruno Megret lorsque celui-ci fait scission. A cette période, les mots sont durs pour Marine le Pen, au sein du MNR de Bruno Megret, il se retrouve conseiller municipal de Sartrouville en 2001 et tête de liste aux régionales de 2004 en Île-de-France, face à Marine le Pen. Il a alors des mots très durs contre celle qu’il qualifie de » Tanguy de la politique régionale » alors qu’elle n’est encore « que » la fille de son père.
Cependant, le jeune homme est ambitieux et le Front national a besoin de talents donc, doucement, discrètement, en passant par les coulisses et en enterrant la hache de guerre avec Marine le Pen, Nicolas Bay aménage son retour dans le Parti. En 2009, il est présent sur la liste FN aux Européennes de 2009.
A partir de là, ces qualités d’organisateur vont lui permettre de très vite se rendre indispensable dans un Parti en pleine expansion, et qui manque de cadres. Il devient secrétaire général adjoint en 2012, après avoir conseillé Marine le Pen pour la présidentielle, et il accède au rang de secrétaire général en 2014.
Il peut aussi se servir d’un bon réseau issu de son engagement précoce au sein de l’extrême droite française. Ce réseau s’étend du FNJ, dans lequel il a milité avec Guillaume Peltier, jusqu’à Frédéric Châtillon, ancien président du GUD, qu’il connaît bien. Ce sont des personnes parfois un peu en marge, mais qui font leurs entrées auprès de Marine le Pen.
Enfin, il représente actuellement pour une partie du Front national, le parfait contre-pied de Florian Philippot. Sur le plan sociétal, c’est un conservateur, il est catholique et a manifesté contre le mariage pour tous, après avoir déjà lutté contre le Pacs. Économiquement, il représente l’aile plus libérale du FN, contrairement à un Florian Philippot étatiste à qui on reproche l’échec des présidentielles.
Bien sûr, en bon stratège, Nicolas Bay n’affiche pas de réelles intentions personnelles. Cependant au vu de la disgrâce progressive de Florian Philippot, de nombreux cadres verraient d’un bon œil, l’arrivée de celui qui représente, un retour aux traditionnelles positions du Parti incarné par un homme jeune. Le Congrès du FN, qui se tiendra en 2018 devrait voir, sans grande surprise, Marine le Pen être réélue à sa tête. Nicolas Bay, reste donc pour l’instant secrétaire général, mais il devrait rapidement s’imposer comme le nouveau n°2 de la formation politique.
Crédit photo : France 3 Haute-Normandie