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“Spomeniks”, les monuments antifascistes en danger du pays qui n’existe plus

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Qui se souvient maintenant, qu’il fut un temps ou serbes, croates et bosniaque ne faisait qu’un pays, la Yougoslavie. Bien sûr, ce n’était pas n’importe quelle Yougoslavie, c’était celle du maréchal très autoritaire, Tito. La cohabitation se faisait donc bon gré, mal gré. Si certaines mémoires veulent oublier, cette période a laissé derrière elle un héritage de l’époque yougoslave en danger, les “spomeniks “. Ce sont, des mémoriaux antifascistes parfois considérés comme des chefs-d’œuvre, ils sont en partie négligés par les autorités quand ils ne sont pas saccagés par des groupuscules ultranationalistes.

Il faut dire, que ces monuments parfois imposants et créés par les plus grands artistes et architectes de l’époque titiste, sont des pléthores implantés sur des lieux bien différents. Cela peut être sur des champs de bataille, ou des lieux symboliques pour le Parti communiste. Cependant, ils sont aussi érigés sur des lieux de faits, hélas plus dramatiquement universels comme des exécutions de masse, ou sur d’anciens camps de concentration.

Concernant ces monuments, l’historienne de l’art Vladana Putnik Prica, à l’université de Belgrade en Serbie, explique “certains ont été endommagés pour différentes raisons. D’un côté, pour des raisons économiques. Des personnes en grande précarité peuvent gagner de l’argent en volant les matériaux recyclables comme le cuivre“. Il est clair aussi, que dans des pays en proie à de nombreuses graves difficultés, la préservation de ces monuments ne fut pas une priorité.

Cependant, elle fait remarquer “d’un autre côté, il y a une négligence globale de notre société envers ces monuments, car il y a une tendance révisionniste de l’histoire, qui remet en question les partisans et les communistes, qui considère que l’époque communiste était mauvaise pour notre société”. Les exemples sont nombreux pour étayer ces propos. Dans le village d’Ostra, au cœur de la Serbie, une Eglise orthodoxe a été construite devant le mémorial laïc, cachant en partie l’immense sculpture en aluminium créée par le sculpteur Miodrag Živković.

Certains monuments sont directement dédiés à la gloire du Parti communiste de l’époque, mais d’autres gardent le souvenir d’événements tragiques plus large. A l’Est de la Croatie, une bataille idéologique se livre autour du monument aux morts de Jasenovac, bâti sur un ancien camp de concentration considéré comme “l’Auschwitz croate”. Depuis trois ans, les associations juives, les antifascistes, les minorités serbes ou roms, refusent de commémorer la libération du camp avec le gouvernement de droite nationaliste. Elles lui reprochent sa passivité face aux tendances révisionnistes en Croatie. Par exemple, en 2016 l’installation d’une plaque par une association d’anciens paramilitaires, reprenant le slogan des oustachis pronazis “Za dom Spremni“, qui signifie, “Prêts pour la patrie”. La plaque a été éloignée du site, mais le gouvernement ne l’a pas interdite.

Nous assistons donc globalement à un glissement des revendications. Au printemps 2018, des ouvriers ont été envoyés pour effacer les graffitis nazis et des croix gammées blanches, sur un monument dédié aux résistants de la Seconde Guerre mondiale. Il y en a des dizaines dans tout le parc mémoriel, et devant le cimetière des partisans à Mostar attaqué régulièrement par des mouvements néofascistes.

Après l’effacement d’une période de stabilité, de sécurité sans trop de liberté communiste et de fraternité un peu artificielle, certains, comme dans de nombreux autres pays européens verraient bien le retour d’une autre période. Elle serait aussi constituée de stabilité toute relative, de sécurité pour certains, toujours au détriment de la liberté pour tous, mais surtout, pas de fraternité.

Bizarrement, les œuvres hors normes attirent de plus en plus l’attention des touristes internationaux. Leurs photographies deviennent virales sur les réseaux sociaux. Au printemps 2018, l’agence américaine Atlas Obscura, a même lancé son premier circuit touristique autour des spomeniks, entre Belgrade, Zagreb et Sarajevo.

Crédit photo : Spomenik Database

 

 

 


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