De nombreux spécialistes expliquent à l’ensemble des salariés, qu’il faut intégrer qu’on le veuille ou non 2 principes. D’une part le fait qu’il faudra certainement changer de métier au cours de notre vie de travail. D’autre part, que l’âge de la retraite va certainement se décaler inexorablement. Cependant, il s’agirait aussi de bien le faire comprendre aux recruteurs et aux managers. Pour la plupart, ils véhiculent encore de très fort clichés qui ne favorisent pas l’emploi de seniors dans les entreprises.
C’est une des remarques que contient le rapport annuel de l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC). Celle-ci, détaille la situation des plus de 50 ans sur le marché du travail. Ils constituent, ce que le rapport appelle les “grands oubliés des politiques de l’emploi”. L’association, a listé les remarques les plus répandues chez les recruteurs à propos des seniors. On retrouve de doux commentaires, qui fleurent bon le cliché. Certains seraient clairement dénoncés, s’il s’agissait d’une minorité quelconque ou une catégorie sociale. “Difficiles à manager”, “résistants au changement”, “faibles capacités d’adaptation aux nouvelles technologies”, tout ceci n’aide pas quand il s’agit de garder un emploi au milieu d’un plan social et c’est encore pire pour retrouver un emploi. Situation dramatiquement paradoxale, quand dans le même temps, l’exécutif va demander à tous de travailler plus longtemps.
Certaines expériences de recrutement vécues par les seniors sont révélatrices. Cela passe par la peur pour un responsable de manager une personne qui pourrait être son parent. Les prétentions salariales sont réputées hautes, même lorsque la personne fait une demande raisonnable. La situation est encore plus grave pour les femmes. Il n’est pas rare de demander de ne pas mettre son âge sur le CV, au-delà de 45 ans.
Les conséquences se retrouvent dans les chiffres. Un rapport du SNC rappelle que les plus de 50 ans restent en moyenne 673 jours inscrits à Pôle emploi contre 404 pour les 25/49 ans. De plus, le nombre de chômeurs de plus de 60 ans est en augmentation.
Charmante période où il apparaît qu’avoir 60 ans, c’est trop jeune pour prendre la retraite et trop vieux pour travailler. C’est être une charge pour la société dans le premier cas ou être une charge pour une société dans le deuxième. Pas facile dans un monde où on veut aller plus vite, de prendre le temps de réfléchir en profondeur sur l’organisation globale du travail en y incluant efficacement des personnes travaillant jusqu’à presque 70 ans.
Le plus bel exemple est l’emploi du terme “senior” dont on ne sait pas exactement ce qu’il représente. Symbole d’un monde où l’on confond souvent rapidité et efficacité, mesures et réformes, et où la contradiction est reine. Vous avez remarqué que Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, en charge du dossier a 72 ans.
Crédit photo : Henri Kwikstori