Il faut bien avouer, que ce n’est pas une situation classique. Ce restaurant de la petite ville de Morteau dans le Doubs, a plus qu’un problème de personnel. Il a dû fermer, car il n’a plus de personnel du tout. De fait, il se retrouve dans l’impossibilité de servir ses clients. La situation géographique de ce petit restaurant explique bien des choses. Il est près de la frontière suisse.
Ce qui arrive à cet établissement est significatif et révélateur de la situation à la frontière. Le restaurant Jacques Alexandre à Morteau (Doubs), a servi ses derniers plats, il est maintenant placé en liquidation judiciaire. Comme bon nombre d’entreprises, il est confronté à une sorte de fuite du personnel en direction de la Suisse. La frontière est à dix minutes et après l’avoir franchi, un employé peut multiplier son salaire par trois. Le journal l’Est Républicain, a ouvert ses colonnes pour recueillir le témoignage de l’actionnaire majoritaire Jacques Barnachon. Il explique, “je paie un plongeur 1380 euros pour 35 heures. Il roule dix minutes et il double son salaire en Suisse ! Comment rester compétitif ?”.
Pourtant, le travail ne manque pas, à ses débuts le restaurant tournait avec douze personnes. Une belle équipe, car c’est aussi la Suisse qui fournit de nombreux clients, et surtout de très bons clients ayant un pouvoir d’achat important. D’ailleurs, les frontaliers qui travaillent en Suisse, ont eu aussi les moyens. Nous voilà au cœur d’un vrai paradoxe, un restaurant dont la proximité avec la Suisse, lui fournit l’activité, mais lui pique son personnel. En effet, depuis six mois, le Jacques Alexandre, devait refuser de 20 à 30 personnes chaque jour.
Le problème se pose tout le long de la frontière suisse, et même les enseignes, comme Burger King à Houteau a du mal à recruter son personnel. On pourrait d’ailleurs multiplier les exemples. De son côté, Jacques Barnachon signale que dans son autre restaurant, L’Étang du moulin à Bonnétage, non loin de Morteau, il ne connaît pas le même problème. Son étoile Michelin, attire les jeunes désireux de se former et d’acquérir un savoir-faire en travaillant dans la grande gastronomie. Un savoir-faire qui peut se monnayer de l’autre côté de la frontière.
La situation semble donc plus compliquée pour les établissements, de basse ou de moyenne gamme. Une solution est souvent évoquée, il s’agirait d’établir une zone franche pour alléger les charges le long de la frontière suisse. Cependant, techniquement la bataille sera dure pour en établir la limite pour l’ex-maire de Morteau et vice-présidente de l’Assemblée nationale Annie Genevard. De plus, on ne fait que déplacer le problème qui se situera alors avec les restaurants à la limite de cette zone franche. Ils ne bénéficieront pas des allègements de charges, et ils subiront une concurrence déloyale.
Pas faciles, les solutions sont en attente, si quelqu’un a une vraie idée, c’est le moment…
Crédit photo : gasdub