A première vue, on peut en effet dire que directement, l’artiste contestataire russe, a précipité le retrait de Benjamin Grivaux de la campagne municipale de Paris. Piotr Pavlenski, assure être l’unique créateur du site abritant la vidéo intime, à l’origine de la chute du candidat. Cependant, cette révélation semble un peu éloignée du but et de la démarche finale recherchée par le contestataire russe.
Piotr Pavlenski, est un habitué des coups d’éclats médiatiques. Dans une Russie, tout acquise à Vladimir Poutine, ses actions n’ont pas manqué de défrayer la chronique et dénotent d’un réel sens de la dramaturgie et d’un courage, que certains qualifieraient de folie. De 2012 à 2015, Piotr Pavlenski, a enchaîné une succession d’actions sous la forme souvent d’automutilation. La goutte qui fait déborder le vase de la justice russe, c’est l’incendie des portes du siège des services de sécurité russes, le FSB à la Loubianka, à Moscou. Il va écoper pour cela, de sept mois de détention préventive et vingt et un jours d’expertise psychiatrique.
Ensuite, Piotr Pavlenski est accusé de violences sexuelles à l’encontre d’une jeune actrice russe. Il dénonce les accusations comme un complot politique venant d’un pouvoir qu’il dérange. Avec sa compagne, Oksana Chaliguina et leurs deux enfants, il se réfugie en France l’année suivante et obtient l’asile politique.
Paradoxalement, ce sont ces méthodes qui consistent à s’en prendre à la vie privée et au sexe, qui mènent Piotr Pavlenski, de nouveau à se retrouver sous les feux des projecteurs. Il n’est cependant plus accusé, mais accusateur. Autour de lui, on retrouve le très sulfureux avocat d’extrême gauche, Juan Branco. Celui-ci, ne cache pas son antipathie envers le président Macron, il explique avoir été contacté et immédiatement, “j’ai compris que, pour lui, c’était un acte politique, de la même façon qu’il s’était opposé au régime de Poutine, il était prêt à tout pour s’opposer au régime de Macron, qu’il considère comme tout aussi répressif”.
La répression du pouvoir français envers Piotr Pavlenski, c’est tout d’abord onze mois de détention provisoire et une condamnation à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il a été reconnu coupable, pour l’incendie Place de la Bastille, des portes d’une succursale de la Banque de France. Selon Médiapart, ce sont aussi les soupçons de faits de violence sur deux personnes avec un couteau le 31 décembre 2019, lors d’une soirée privée organisée par l’omniprésent Juan Branco, dans un appartement du boulevard Saint-Germain, à Paris.
A priori, la campagne pour la mairie de Paris a pris une tournure nouvelle. Piotr Pavlenski, semble vouloir montrer le double discours de Benjamin Grivaux, qui se présente comme un défenseur de la famille, mais dont certains actes sont en totale contradiction. On en arrive à des méthodes qui confinent plus au grand déballage façon US, c’est-à-dire que la personnalité du candidat et sa vie privée deviennent des critères de choix autant que son programme et sa capacité à mener à bien une action. A moins, que ce soit plus “Soviétique”, avec la confection d’un bon gros dossier plus ou moins croustillant, et en partie trafiqué pour nuire à une réputation. Là-dessus, Piotr Pavlenski doit hélas en connaître un rayon.
En attendant, Piotr Pavlenski, assure qu’il ne va pas s’arrêter là. Il explique, “Benjamin Griveaux est le premier participant de ce site. Mais ce nouveau média vient tout juste d’ouvrir. Cela va donc continuer”. Nous sommes curieux de savoir si réellement suite il y a, et éventuellement si les victimes sont toujours du même bord. Une sextape concernant un candidat à la mairie de Paris, pour dénoncer la répression du pouvoir en place, cela ne semble pas évident à première vue. Comme souvent, les enjeux sont peut-être ailleurs et les véritables organisateurs en coulisses. Notre Russe de service, est une tête de gondole parfaite et prête à tout pour se maintenir dans le hit-parade de la provocation.
De son côté, Benjamin Griveaux retire une candidature qui de toute façon, ne partait pas vraiment bien. Il avait depuis pas mal de temps, plus à perdre qu’à gagner. Son avocat, a prévenu que son client lui avait demandé “d‘engager des poursuites contre toutes publications” qui ne respectent pas sa vie privée et sa famille. C’est maintenant la seule chose qu’il peut essayer encore de sauver.
Crédit photo : Patrick Chateau