Le Premier ministre Manuel Valls entend s’atteler à la refondation d’un islam de France, pour le mettre en accord avec les principes de la République. Ce n’est pas une idée nouvelle, car en 1999, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Intérieur, avait lancé une première consultation. C’est aussi pour cela, que Dominique de Villepin avait créé la Fondation des œuvres de l’islam en 2005 pour gérer l’organisation du culte, et surtout le financement. Cependant, si les initiatives sont là, le résultat se fait encore attendre.
Il faut savoir dans un premier temps, qu’il n’y a pas de clergé dans l’islam, les représentants des différentes sensibilités sont issus de modèles politiques et de traditions historiques variées. De plus, ses responsables religieux sont souvent « chaperonnés » par leur pays d’origine comme l’Algérie, la Turquie, l’Arabie-Saoudite, etc… Ces différences se font sentir, plus dans la tradition et les coutumes, que dans la théologie pure.
Olivier Roy, politologue et spécialiste de l’islam explique « les Turcs, par exemple, ont des tenues beaucoup plus européennes, alors que les Marocains vont se mettre en djellaba » ou « dans les mosquées marocaines, les prêches sont toujours populaires, faisant appel à des coutumes et des légendes, alors que les prêches des mosquées turques sont moins émotionnels ».
La tâche du gouvernement pour arriver à un minimum d’uniformisation, n’est donc pas aisée, et s’avère complexe, pour ne pas froisser les différentes tendances et trouver un consensus. Il doit déjà faire accepter par l’ensemble, la fameuse Fondation des œuvres de l’islam, ce n’est déjà pas une mince affaire. Pour cela, il compte s’appuyer sur des universitaires, des artistes et des chefs d’entreprises musulmans. Il s’agit aussi de mettre en avant la jeune génération, qui d’une manière générale, étant née en France, veut un islam à sa portée et tournée vers un futur, et en accord avec la République.
Il faut aussi agir en dehors des frontières, et interagir avec les pays influents sur les mosquées pour alléger leur présence sur les communautés musulmanes de France.
En automne, on devrait donc bientôt retrouver une nouvelle tentative pour remettre en action la Fondation, avec à sa tête, probablement le retour de Jean-Pierre Chevènement. Cette nomination fait déjà polémique, car Laurence Rossignol, la ministre des Familles, aurait préféré une femme pour, dit-elle, « une dimension moderne et républicaine » à cette Fondation. La sénatrice UDI Nathalie Goulet estime, que c’est aux musulmans de choisir leur dirigeant. « N’y a-t-il pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? » . Sans oublier, bien sûr un climat délétère qui rend difficile, et tendu toute évocation d’organisation de l’Islam, qui aux yeux de beaucoup, revient à légitimer la religion islamique en France et contribuerait donc à perdre notre héritage culturel Judéo-chrétiens.
On voit bien, que le chemin sera long, surtout si personne ne veut abandonner des partis pris partisans pour des attitudes volontaristes. Il faut avoir de part et d’autre, une vraie volonté de sortir de l’impasse dans laquelle se retrouve la grande majorité de musulmans, républicains, Français et avant tout hommes et femmes de bonne volonté.
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