On commence à discerner les effets de l’arbitrage vidéo, qui vient de faire son apparition à la Coupe du monde de football 2018 en Russie. Les premières décisions arbitrales prises avec son aide semblent plus sévères après le visionnage d’un ralenti qu’en direct. Il semblerait, que la vidéo met plus en évidence aux yeux des arbitres, les mauvaises intentions des joueurs.
L’arbitre peut donc désormais comme les téléspectateurs, revoir le ralenti et l’action sous toutes ses coutures. D’ailleurs, l’histoire du football retiendra que c’est la France, qui restera comme la première nation à bénéficier de la vidéo, pour obtenir un penalty contre l’Australie (2-1) le 16 juin 2018.
Déjà, de nombreux observateurs essayent de percevoir de quelle manière le recours de la vidéo pour les arbitres, impacte leurs décisions. Parmi eux, deux départements de l’université de Leuven en Belgique, celui des sciences du mouvement et celui de la cognition. Ils ont étudié les effets de la vidéo, et du ralenti sur les décisions de l’arbitre. Il ne s’agit pas pour eux de discuter sur le bien-fondé de la méthode, mais tout simplement d’en voir les effets. Ils ont observé une différence dans la gravité de la sanction, qui accompagne une faute. Globalement, plus l’action est passée au ralenti, plus la sanction peut s’avérer sévère.
Pour asseoir leurs constatations, les chercheurs se sont basés sur 60 actions de jeu et le jugement de 88 arbitres. Tous sont des arbitres de haut niveau, actif dans le football professionnel européen. Pour chacune des 60 situations de jeu, une décision de référence avait été prise au préalable. Puis chacun des 88 arbitres, a donné son propre jugement. Les vidéos, qui présentaient une grossière faute ont engrangé plus de carton rouge lorsqu’elles étaient visionnées au ralenti. Pour les situations les moins dangereuses, le ralenti de la vidéo a provoqué cette fois une augmentation du nombre de cartons jaunes. Les chercheurs, ont conclu que les sanctions étaient plus sévères lorsque le visionnage était au ralenti, par rapport au visionnage de la même action en temps réel.
Le ralenti ferait tout simplement ressortir plus crûment, l’intention du joueur de faire une faute volontaire. En visionnant une vidéo 4 fois plus lentement que la vitesse réelle lors du test, le fautif donne l’impression de prendre le temps de planifier son geste, plus qu’il n’en a réellement l’intention.
L’arbitre sera donc enclin à être plus sévère. Cela donne de quoi réfléchir sur ce que l’on cherche. S’il s’agit d’être plus répressif et de lutter contre les mauvais gestes, la vidéo semble en effet un bon apport. Par contre, si l’on veut rester plus dans la continuité du jeu et privilégier ce que l’on appelle “l’avantage”, elle semble plutôt un frein, qui va hacher et ralentir le déroulement du match.
Quoi qu’il en soit, si l’on veut que le football reste un sport qui véhicule des valeurs, comme par exemple de respecter les règles, il faut faire remarquer que tout le monde à la base, est d’accord sur celle qui consiste à accepter, que l’arbitre a toujours raison.
Crédit photo : KiMiz