Il n’aura pas échappé aux spécialistes du ballon rond et aux amoureux du continent africain, qu’il n’y a plus de représentant aux stades des 8e de finale de la Coupe du monde. Cela représente tout de même cinq équipes africaines en lice dans le mondial 2018, qui ont été éliminées au premier tour de la compétition. Il est donc logique de se demander s’il y a des raisons de cet échec global, inédit depuis 1982.
Un fait plus surprenant est la fébrilité de ses différentes équipes dans les dernières minutes. En effet, les équipes africaines, ont quasiment toutes lâché leur qualification à l’extrême fin d’une de leurs rencontres. Une statistique éloquente montre, que les formations africaines ont encaissé sept buts à partir de la 80e minute dans cette Coupe du monde 2018, pour seulement deux buts marqués.
Tout de suite, les micros se sont braqués vers différents consultants, qui ont eu une expérience avec les équipes africaines. Ainsi, pour Gérard Gili, l’ancien sélectionneur français de la Côte d’Ivoire et de l’Égypte, “c’est un manque de concentration lié à la fatigue, quand une équipe est obligée de courir plus que l’autre, elle peut compenser physiquement pendant une bonne partie de la rencontre. Mais, sur la fin, cela déséquilibre les ressources entre les deux formations“. Si cela se révèle dans de nombreux cas comme les Aigles ou les Lions, qui ont été souvent dominés dans ce Mondial par des adversaires plus techniques. Par contre, il n’est pas évident pour le cas des Lions de l’Atlas, qui étaient plus forts que les Iraniens, et pour le Sénégal face à la Colombie.
Il convient tout de même d’aller voir un peu plus profondément. Notons tout d’abord qu’il serait malvenu de traiter trop globalement le problème, l’Afrique, comme l’Europe, n’est pas une et indivisible. Chaque pays à son histoire, ses particularismes et ses réalités à ce jeu. Cependant, elles ont en commun de faire avec des compétitions locales à l’organisation souvent inexistante, et elles ont recours à des techniciens venus d’ailleurs, dont la nomination peut faire “jaser”.
Ces techniciens, souvent recrutés en Europe, sont censés amener la rigueur et la conception tactiques qui manquent aux équipes africaines, ce qui a pour effet d’uniformiser et d’aseptiser les comportements. Pape Diouf, l’ex-président de L’OM, par exemple fait remarquer qu’il ne faudrait pas que cette conception étriquée et calculatrice du football, ne vienne mettre en péril la force du football Africain.
Les sélectionneurs et les entraîneurs ne sont là que pour mettre en évidence, bonifier et se servir des talents des joueurs dont ils disposent, et non de les changer. Il est préférable de jouer en pratiquant le football que l’on ressent, plutôt que celui que l’on applique. Nous avons tous hâte de retrouver au niveau mondial, l’esprit du Cameroun en 1990 et du Sénégal en 2002.
Crédit photo : Alexandros Tzortzis