Dans de nombreux articles, nous saluons l’entrée de nouveaux sites au Patrimoine mondial de l’Unesco. Cependant, pouvoir réunir les critères d’accès pour cette entrée, n’est pas forcément chose facile. La ville de Nîmes par exemple, pourtant particulièrement fourni en monuments romains entre autres, a été recalée. Malgré les efforts de la capitale du Gard, une grosse campagne communication, et le soutien d’une poignée de célébrités, elle n’a pas pu réunir de conditions suffisantes. C’est l’occasion d’analyser les causes de cet échec, que l’on espère temporaire.
Les Nîmois n’en reviennent pas, et à la Brasserie des arènes, ou devant un pastis sur le comptoir du Pantel ou du Prolé, on se demande, qu’est ce qui manque à l’ensemble urbain historique de Nîmes pour obtenir ce que Arles, une autre ville très romaine historiquement par exemple, réussi à avoir depuis les années 1980 ?
Au cœur du débat, on retrouve le musée de la Romanité. Pour les experts, il a une architecture bien trop moderne. La construction de cette façade presque futuriste, se trouve très proche de l’amphithéâtre. Il constituerait même, pour le Conseil international des monuments et des sites ou ICOMOS, “une menace grave pour l’intégrité du patrimoine de Nîmes“.
Bien sûr, ce n’est pas tout, Icomos a certainement voulu avec ce refus, mettre en garde la municipalité sur les effets désastreux d’une trop grande course à la fréquentation touristique désordonnée sur le patrimoine de Nîmes. Il s’agit de faire la part des choses et ne pas vouloir courir deux lièvres à la fois. Alors que la fréquentation de ses monuments romains a bondi de 50 % en dix ans, les retombés économiques immédiates sont intéressantes, mais de nombreux exemples démontrent, que cela peut devenir à plus long terme désastreux pour le patrimoine, sans une gestion rigoureuse.
Enfin, et c’est peut-être un autre effet du tourisme trop classique et globalisant, la ville de Nîmes ne se distinguerait pas “suffisamment d’autres villes aux origines romaines similaires“. Il semblerait, que la cité gardoise se soit un petit trop reposée sur un patrimoine évident et n’a pas vu les efforts déployés par d’autres.
Cet échec, sera peut-être salutaire pour l’équipe de Nîmes, qui compte bien ne pas en rester là. Elle assure que l’inscription de la capitale du Gard au Patrimoine mondial n’est que différé et ce refus pour une première présentation ne remet pas en cause l’issue finale du dossier. De son côté, l’Unesco qui favorise le rééquilibrage territorial international des biens inscrits, a considérablement renforcé les critères d’évaluation, confortant ainsi le sérieux du classement.
Il parait que l’on est dur avec ce que l’on aime, un dossier nîmois devrait être représenté en 2020. D’ici là, de nouveaux efforts seront faits pour embellir “Nemausus” et faire un peu plus la fierté des Nîmois. C’est peut-être le but de la manœuvre, car n’oublions pas que le chemin de l’effort est souvent plus important que le but.
Heureusement, le Nîmes Olympique remonte en première division cette année, on ne peut pas tout avoir.
Crédit photo : Michael Fontaine