La Chine ne recule plus devant rien, elle compte installer son empire au milieu de tous les domaines. De fait, Arnaud Lagardère a du souci à se faire, le “Made in China” veut aussi se développer dans le luxe. A commencer par la mode, car quelques marques chinoises haut de gamme veulent se faire une place et conquérir une clientèle internationale.
Pour cela, les Chinois n’hésitent pas à s’implanter dans ce qu’ils considèrent comme la capitale de la mode, c’est-à-dire au cœur de Paris. L’affaire n’est pas simple, car si l’on évoque vêtements chinois, on pense soit à des habits aux coupes très particulières, ou alors à des vêtements bon marché. Pour changer cette image, le “Made in China” prend peu à peu pied dans le luxe grâce à des maisons chinoises haut de gamme, qui s’installent à Paris.
Des créateurs Chinois apparaissent au calendrier officiel de la Fashion Week de Paris. Shiatzy Chen, fait figure de pionnier, il est arrivé dès 2009. Elle fut la première marque chinoise à s’être installée sur la célèbre avenue Montaigne. Depuis, des noms comme, Masha Ma, Yang Li, Jarel Zhang, Uma Wang et bien d’autres ont suivi.
Pour en arriver là, les Chinois n’ont pas changé leurs habitudes. Dans un premier temps humilité et apprentissage. Il s’agit de s’immerger, de regarder et surtout de tout noter et s’imprégner pour pouvoir se lancer. Le cas de Dawei, un créateur chinois est significatif, à 38 ans il a défilé pour la Fashion Week parisienne avec le label portant son nom, qui revendique une production en Chine. Il explique, “peut-être que comme j’ai étudié à Paris, effectué mes stages dans des grandes maisons comme Balenciaga ou John Galliano et créé ma marque à Paris, je n’ai jamais été vraiment considéré comme un étranger venu de Chine. Je suis un designer qui vit et travaille à Paris et qui est d’origine chinoise”.
Shiatzy Chen, lancée en 1978 à Taïwan, compte 70 boutiques en Asie. Les collections fabriquées à Shanghai et Taipei, séduisent par le mélange de savoir-faire traditionnel et de coupes contemporaines. La marque aime être appelée “le Chanel chinois”.
De son côté, Icicle une maison fondée à Shanghai en 1997, a ouvert en septembre à Paris sa toute première boutique internationale, près de 500 m², avenue George V. La marque chinoise, qui s’était fait connaître en France en rachetant la maison de couture Carven en 2018.
Le principe et les critères sont les mêmes. Utiliser des matières nobles et naturelles. Faire fabriquer en Chine bien sûr, mais ouvrir une boutique à Paris pour se donner une légitimité de bon goût. C’est un moyen de briser cette image de fabricants de copies de vêtements et gagner ses galons de créateurs. Eric Briones, une référence en matière de luxe explique, “pour être désirable, y compris de ses clients chinois, une marque chinoise ne peut pas se limiter à des boutiques dans son pays, il faut exister à Paris, qui fascine”. C’est donc un passage obligatoire et important, car les Chinois représentent aujourd’hui quelque 35 % des consommateurs de produits de luxe dans le monde.
Cependant, il est évident que les Chinois ne se contenteront pas de rester tout le temps des élèves studieux. Paris pourrait bien avoir de la concurrence du côté de Shanghai par exemple, en matière de luxe.