Le mythique fleuve du Nil, a toujours été un élément central des pays qu’il traverse. S’il a perdu un peu de son caractère sacré et divin, il n’en reste pas moins un vecteur économique incontournable. Les tensions montent concernant différentes grandes opérations que certains pays veulent mettre en place. Celles-ci, peuvent avoir des répercussions sur le tracé et le débit global du grand fleuve.
C’est plus précisément autour du barrage de la Renaissance, que se cristallisent les désaccords. L’utilisation maximum que voudrait en faire L’Ethiopie, n’arrange pas du tout l’Egypte et le Soudan. Ces pays s’inquiètent des conséquences pour leurs populations. La dernière rencontre entre les responsables de ces 3 pays, a permis des avancées vers un accord. Cependant, elle a aussi mis en évidence “des points de dispute qui subsistent entre les trois pays“, comme le souligne Yasser Abbas, le ministre soudanais de l’Irrigation.
Le remplissage du réservoir et l’utilisation du barrage, demeurent des sujets de discorde. Ce n’est pas vraiment nouveau, car depuis le début de la construction du grand barrage de la Renaissance (GERD) en 2012, c’est un thème récurrent du conflit diplomatique entre l’Egypte et l’Ethiopie.
Un fleuve vital pour l’Egypte
Du côté de l’Égypte, il faut dire que le sujet est vital. Le fleuve fournit en effet 97 % des besoins en eau de l’Égypte, et 95 % de la population sont installés le long du grand fleuve. On imagine les conséquences dramatiques d’une réduction du débit du Nil, car on parle aujourd’hui d’une population d’environ 100 millions pour les 3 pays. L’Egypte, fait valoir à ce titre notamment, un “droit historique” sur le fleuve, garanti par une série de traités. En ligne de mire de cette inquiétude, le remplissage du lac de retenue du GERD issu du colossal barrage de la Renaissance. Pour les Égyptiens, ce remplissage doit être échelonné sur une période de près de quinze ans. Par contre, l’Éthiopie veut accélérer les choses, et a proposé quatre à sept ans. L’Egypte évoque aussi des conséquences évidemment terribles et inévitables pour l’environnement.
Un barrage vital pour l’Ethiopie
Cependant, pour l’Ethiopie, ce projet est national, fondamental pour toute l’économie du pays qui en a bien besoin. Le pays, a dû se débrouiller seul pour le financer. C’est donc 4 milliards, que le pays a trouvés pour créer la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique. Celle-ci, est programmée pour produire 6 000 mégawatts, d’ici à la fin 2022. Pour cela, tout le monde a été mis à contribution de gré ou de force. Tous les Éthiopiens peuvent dire avoir participé à la construction du GERD, de par la diminution des salaires opérée par les autorités. Finalement, ce sont les Chinois qui ont financé les turbines et les équipements électriques.
La prochaine rencontre tripartite aura lieu les 2 et 3 janvier à Addis-Abeba. Soit une dizaine de jours avant la date butoir du 15 janvier, que s’étaient fixée les trois pays.
Crédit photo : Jean-Pascal Plettener