Quand les Chinois parlent de projet, on s’attend immanquablement à quelque chose l’énorme. Avec celui de la Pékin de « la route de la soie » du XXIe siècle, on n’est pas vraiment déçu. Il s’agit d’un gigantesque projet d’infrastructures aux multiples ramifications économiques et géopolitiques.
C’est un investissement estimé à environ 1 000 milliards de dollars. On parle donc tout simplement du programme d’infrastructures le plus important de l’Histoire, et il est signé Pékin. Ce projet tient particulièrement à cœur au président chinois Xi Jinping, qui l’a évoqué dès son arrivée au pouvoir.
On peut dire, que tout y passe, car l’ensemble des prévisions englobent par exemple la construction des ports au Pakistan, de chemins de fer en Russie ou encore de ponts au Bangladesh qui favoriseraient le commerce avec la Chine. Néanmoins, cela ne s’arrête pas là, car il est aussi question de la participation chinoise dans des réalisations bien plus éloignées, comme la construction de la centrale nucléaire d’Hinkley Point au Royaume-Uni ou le rachat du port du Pirée par l’armateur chinois Cosco en avril 2016.
Elle est bien loin la fameuse « route de la soie », et du simple échange commercial. Si Pékin, entend moderniser les réseaux commerciaux entre l’Europe et la Chine, c’est aussi, comme l’indique Jean-François Dufour le responsable de China Control Panel pour le cabinet de conseil Montsalvy Consulting pour » exporter son modèle de développement ». Il rajoute, « pendant des décennies, la croissance chinoise a été entretenue par le béton et la pierre pour moderniser le pays, mais le marché intérieur arrive à saturation ». De ce fait, Pékin achète des débouchés et des marchés à ses groupes nationaux, qui sont associés ou responsables des travaux.
Pékin essaye de profiter de circonstances géopolitiques favorables, pour mettre en avant son projet. Avec l’arrivée de Donald Trump, qui prône un retour au protectionnisme américain, Xi Jinping veut montrer qu’il joue la carte de l’ouverture vers d’autres pays. Pékin cherche « clairement à renforcer l’axe eurasiatique pour contrebalancer l’espace Pacifique, où la concurrence avec les États-Unis est rude pour Pékin », explique l’économiste français Jean-François Dufour.
Bien sûr, tout le monde ne partage pas ce bel enthousiasme, car tout ceci n’est pas gratuit. Des manifestations ont éclaté au Sri Lanka contre un projet lié à cette « route de la soie », l’Inde a aussi refusé de s’y associer. Ces pays, tous asiatiques, n’ont aucune intention de dépendre davantage, financièrement de Pékin.
La puissance de la Chine, fait évidemment peur, et on peut craindre à long terme l’émergence d’un bloc eurasiatique trop dépendant de la Chine, et un déséquilibre mondial important.
Crédit photo : Sénat Sénat