Avec cette enquête, l’Insee semble vouloir en finir une bonne fois pour toutes, avec un bon vieux serpent de mer qui revient systématiquement dans toutes les campagnes électorales. Les partisans de la sortie de l’euro vont nous expliquer en long et en large, que le passage à l’Euro a littéralement entraîné une flambée des prix. Cependant, la réalité et les chiffres rappellent, que c’est faux et c’est peut-être même l’inverse, car l’euro a plutôt eu tendance à limiter la hausse des prix.
Soyons clair, de 2002, qui est la date de l’entrée en vigueur de l’euro, à 2016 l’évolution des prix pour plusieurs biens de consommation est restée modérée. Le rythme d’inflation atteint de 2001 à 2016 est de +1,4 % par an en moyenne, alors qu’il est de +2,1 % entre 1986 et 2001, période pourtant portée par le contre-choc pétrolier et des baisses de TVA.
Il reste à comprendre pourquoi cette vision persiste. Ce n’est pas simplement parce que certains politiques anti-européens l’ont sciemment entretenu, elle est la conséquence de réflexe et de sensibilité.
Tout d’abord, il est toujours plus difficile d’expliquer les courbes et les documents relatifs à l’inflation. Ainsi, les personnes restent le plus souvent dans le ressenti et l’empirisme le plus total en matière de hausse des prix. Les publications de l’inflation sont beaucoup moins commentées, que celles de la croissance ou du chômage, car elles sont plus compliquées à expliquer.
Il ne s’agit pas de nier qu’il y a eu une hausse des prix avec l’euro. Cependant, celle-ci n’a pas été plus forte que les années précédentes, mais cette fois, il y avait une raison facile pour l’expliquer au public, même si elle s’avère en partie fausse.
Il est vrai, que l’impact de ce que l’on a appelé « effet arrondi » avec les fameux prix de type « 19,99 euros » et les prix ronds, s’est fait sentir sur une hausse des produits de consommation courante (+0,3% pour le pain, +1,5% pour les cafés). Or, les consommateurs ont en premier lieu, utilisé ses fameux produits de consommation courante, pour établir au quotidien la comparaison entre les prix en francs et en euros. Ces prix sont entrés facilement dans les mémoires, cependant, à contrario, les prix, comme ceux de l’électroménager par exemple qui ont baissé, restent des achats ponctuels, donc moins faciles à retenir.
Cette perception erronée de l’inflation et de la hausse des prix dus à l’euro tend cependant à s’estomper. Les comparaisons en franc, sont de moins en moins en courante au fur et à mesure que s’installent les générations qui n’ont connu que l’euro.
On n’empêchera cependant pas, la circulation de ces tableaux volontairement erronés sur les réseaux sociaux, nous indiquant que la montée des prix est pire depuis l’euro, et de toute façon, en bon français, on ne va pas non plus abandonner une occasion aussi facile de râler et de se plaindre.
Crédit photo : Felipe B.A